Intervention de Xavier de la Gorce, président de la SNSM
Le jeudi 17 octobre 2019, à Paris, à l’occasion de la signature officielle d’un contrat avec Couach pour la Nouvelle Flotte de la SNSM, Xavier de la Gorce s’est longuement exprimé.
Rappelons que le contrat concerne le renouvellement d’au moins 70 navires sur une période de 10 ans, 20 navires de sauvetage hauturiers (NHS) et 50 navires de sauvetage côtier (NSC). Selon les besoins et les financements, ce sont 140 canots qui pourraient être commandés. Au vu du nombre de bateaux prévus et de la durée d’équipement, on doit considérer ce projet comme historique.
Les points essentiels de l’intervention de Xavier de la Gorce
Le Président de la SNSM a qualifié le contrat avec Couach d’historique. Un chantier d’importance pour l’avenir de la SNSM puisqu’il concernera des bateaux qui auront une durée de vie d’une quarantaine d’années. La mise au point de ce projet a demandé 5 années a précisé Xavier de la Gorce.
Quelques chiffres:
– aujourd’hui, la SNSM a environ 800 embarcations dont 450 de sauvetage avec 19 modèles de bateau avec un vieillissement de la flotte qui est significatif.
– 45% de la flotte hauturière (canots allant au large) est âgée de plus de 25 ans
– 15% a plus de 30 ans.
Les gammes de la Nouvelle Flotte
Le président de la SNSM considère donc que cette flotte, d’une grande diversité, une flotte vieillissante, nécessitait de prendre d’urgence des dispositions pour son renouvellement.
L’objectif – validé par le Conseil d’administration de la SNSM – a été de resserrer la gamme: au lieu de 19 modèles, il n’y en aura plus que 6 dont 2 hauturiers et 4 côtiers.
Autre objectif: l’adaptation de ces modèles à la géographie du sauvetage.
Xavier de la Gorce indique qu’il y a 50 ans le secours était orienté vers les professionnels de la mer, les pêcheurs. Or, aujourd’hui, 80% des interventions se font au profit de la plaisance et des pratiquants de loisirs nautiques. De plus, la plupart des interventions se font désormais dans une zone jusqu’à 10 nautiques et beaucoup jusqu’à 5 nautiques maximum.
Le projet de Nouvelle Flotte prend donc en compte ces éléments tout en conservant des canots hauturiers qui restent nécessaires afin de couvrir l’ensemble des risques.
la SNSM s’emploie aussi, dit-il, à faire des choix de positionnement géographique des bateaux en fonction des risques.
Objectifs et contraintes financières
Il fait aussi part des nécessaires économies d’échelle sur les coûts pour expliquer le choix d’une gamme resserrée et homogène (NDLR: et le choix d’un seul prestataire) tout en rappelant les exigences de qualité, de sureté, de sécurité indispensables envers les gens qui vont être sauvés et envers nos sauveteurs embarqués: il fait alors part des difficultés trop importantes qui ont eu cours avec la flotte actuelle, même avec des bateaux neufs ou récents. Il estime cela anormal, citant un exemple encore récent.
« Nous avons choisi Couach car ce chantier nous donne la possibilité d’avoir une souplesse avec un rythme de production adapté en fonction de nos disponibilités financières » précise Xavier de la Gorce en se tournant vers Walter Ceglia.
Bien que la nécessité soit de renouveler 140 bateaux sur les 10 prochaines années pour un montant de 100 millions d’euros, le contrat reste pour l’instant en deçà afin de ne pas s’aventurer financièrement, avec deux tranches:
– une tranche ferme sur les 5 prochaines années;
– une tranche conditionnelle sur les 5 années suivantes.
Avec un noyau dur pour chacune de ces deux tranches qui dépendra des disponibilités financières de la SNSM. Le rythme de production pourra donc être modulé en fonction des ressources.
Formation et soutien technique
Formation: une gamme plus homogène et restreinte, et des séries plus longues dans le temps, faciliteront la standarisation de la formation ce qui permettra de diminuer les risques lors des interventions.
Avec cette Nouvelle Flotte sera mis en place un réseau de soutiens techniques, un réseau d’appuis auprès des sauveteurs bénévoles. Il ne s’agira pas de livrer seulement le canot mais de fournir un ensemble de services plus global avec un accompagnement technique indispensable pour garantir la qualité des interventions, la qualité des équipages et la qualité d’entretien des bateaux.
Le président a ensuite remercier les architectes, les équipes techniques, les bénévoles dont certains patrons et présidents de station qui étaient présents lors de la Conférence.
Il ajoute que ceux-ci ont pu garantir « qu’il n’y ait pas de dérive technocratique, de dérive technique, en assurant que les bateaux qui sortiront soient des bateaux de sauvetage parfaitement adaptés aux usages et avec le soutien, l’appui, l’expertise, l’expérience de nos navigants. »
Le premier bateau sortira en 2021.
« La SNSM s’en sortira fortifiée, encore plus confiante en elle-même, avec un modèle éprouvé, un modèle d’exception à tous égards, en terme de valeurs, d’engagement, de résultats, une confiance que les autorités (Cross, Préfectures maritimes, Sécurité civile, et l’ensemble des moyens d’intervention qui nous accompagnent) ont en nous.
La Nation dans son ensemble a une confiance en la SNSM, a mieux appris à la connaître à l’occasion d’un drame qui est celui des Sables d’Olonne: l’opinion publique a découvert, ou redécouvert, ce qu’était la SNSM et l’engagement de ses bénévoles. Aujourd’hui (avec ce contrat), c’est une étape décisive pour marquer l’avenir » a conclu Xavier de la Gorce.
Voir les vidéos ci-dessous
Philippe Brossard-Lotz
*La SNSM est une association loi 1901 née en 1967 de la fusion de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (SCSN), fondée par l’Amiral Rigault de Genouilly en 1865 et de la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons (HSB), créée par Henri Nadault de Buffon en 1873, deux associations centenaires issues d’une vieille tradition maritime : le secours des personnes en mer bénévolement et gratuitement. La SNSM a été reconnue d’utilité publique par décret le 30 avril 1970. En 2017, année de son cinquantenaire, le gouvernement a attribué au sauvetage en mer le label «Grande cause nationale» et a institué la première Journée nationale des Sauveteurs en Mer. La société nationale de sauvetage en mer est une association financée à près de 80% par des fonds privés qui a pour vocation de secourir toute personne en danger en mer et sur les côtes, en France métropolitaine et en Outre-mer (Réunion, Antilles, Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Saint-Pierre-etMiquelon et Guyane). Elle est la seule institution qui dispose conjointement des compétences et qualifications nécessaires pour intervenir de la plage au large.
*L’entreprise Couach a été créée en 1897 par Albert Couach avec la fabrication des premiers moteurs marins au monde ainsi que les premières pinasses motorisées du Bassin d’Arcachon. En 1962 son fils, Guy Couach, fonde le chantier naval à Gujan où sont produits des bateaux de série, avec une navigabilité exceptionnelle. La société développe en 1970 une gamme de bateaux de surveillance et devient un fournisseur de premier plan pour les agences maritimes et gouvernementales nationales et internationales. En 2005 Couach acquiert IMS qui devient sa base technique en Méditerranée pour la maintenance et refit de navires de plaisance. En 2011, La société Nepteam, détenue par des investisseurs locaux, acquiert Couach, contribuant à la revitalisation de l’activité industrielle du bassin d’Arcachon et la création de filiales internationales. En 2018, le chantier livre 79 intercepteurs haute vitesse au chantier allemand Lürssen avec une performance exceptionnelle : la notion du Zéro Défaut est introduite au chantier. Aujourd’hui, le chantier naval Couach est honoré de devenir le partenaire et maitre d’œuvre d’ensemble de la SNSM.